Les Molluscum contagiosum sont parfois une MST

La syphilis, maladie infectieuse due au Tréponème pâle (Treponema pallidum) est une maladie sexuellement transmissible qui est toujours d’actualité.
Depuis la fin du XV ème siècle, elle sévit en Europe où sous le nom de «vérole » ou de « mal de Naples » elle a frappé sans discernement pauvres ou rois (François 1er), et notamment au XIXème siècle, d’illustres personnages (Maupassant, Nietzsche, Baudelaire, etc.).
Pendant quatre siècles son traitement a reposé sur le mercure, dont la toxicité a sans doute été responsable de plus de décès que la maladie elle-même. Puis des dérivés d’arsenic ont été utilisés.
La découverte de la Pénicilline au milieu du XX ème siècle a révolutionné le traitement de la syphilis. La maladie a quasiment disparu en France, à la fin du XXème siècle.
Mais depuis le début des années 2000, une épidémie de syphilis est réapparue dans tous les pays développés, particulièrement chez les homosexuels masculins et surtout s’ils ont contracté aussi le VIH. Mais l’épidémie se répand aussi chez les hétérosexuels et notamment chez les femmes.
La syphilis non traitée évolue en trois phases :
– la phase primaire, précoce, se traduit par un chancre : il apparaît au point d’inoculation entre 10 et 90 jours après la contamination (en moyenne 3 semaines).
Il s’agit typiquement d’une érosion indolore, propre, bien limitée, indurée qui siège sur le gland ou le sillon balano-préputial ou la muqueuse vulvaire. Il guérit spontanément en quelques semaines sans laisser de cicatrice.
Cependant la localisation (col de l’utérus, anus, gorge, lèvre) et l’aspect du chancre peuvent être trompeurs et rendre le diagnostic difficile.
– la phase secondaire apparait entre un mois et demi et deux mois après le chancre, en l’absence de traitement. Il s’agit d’une première éruption due à la dissémination des Tréponèmes dans le sang: la roséole syphilitique. C’est une éruption de petites macules rose pâle sur le tronc, sans démangeaison, qui vont disparaître spontanément en quelques jours ou semaines. Elle peut passer inaperçu.
Une deuxième éruption apparait entre le 2ème et le 6ème mois, parfois intriquée avec la roséole. Il s’agit de papules cuivrées (petites élevures), sans démangeaison, surtout sur le tronc, le visage et les paumes et les plantes. Il existe aussi des lésions des muqueuses très contagieuses: plaques sur la langue, perlèche, lésions autour de l’anus. Une perte de cheveux est possible diffuse ou par plaques.
L’éruption peut prendre des aspects très variables, pouvant faire évoquer d’autres diagnostics comme par exemple le psoriasis, le lichen plan, la dermite séborrhéique etc. c’est pourquoi on appelle habituellement la syphilis « la grande simulatrice ».
Même en l’absence de traitement, tous ces symptômes vont finir par disparaître.
Le médecin consulté, face à ces symptômes cutanés et muqueux, va y penser et fera un examen clinique complet à la recherche d’autres signes : ganglions palpables, fièvre, altération de l’état général, gros foie etc. et demandera une sérologie de la syphilis.
– la phase tertiaire est devenue exceptionnelle (10% des syphilis précoces non traitées). Elle se traduit par des lésions très variées qui peuvent apparaître parfois des années plus tard, cutanées et muqueuses, osseuses, cardio-vasculaires, neurologiques et oculaires.
On parle de syphilis sérologique quand la syphilis est découverte par une sérologie demandée à titre systématique, en l’absence de signes évocateurs, à un stade précoce (avant un an) ou tardif (après un an ou d’ancienneté indéterminée). Le dépistage est obligatoire au cours du premier tri-mestre de la grossesse (car la maladie est transmissible au bébé) et en cas de don du sang.
Les tests habituellement utilisés pour le dépistage sont le TPHA, le FTA-IGM, le VDRL.
Les 5 à 10 premiers jours du chancre, les tests sont négatifs. Puis, ils deviennent tous positifs et le restent en l’absence de traitement, bien que le VDRL diminue lentement avec le temps.
Seul le VDRL est utilisé pour la surveillance de l’efficacité du traitement car il se négative en un à deux ans après un traitement bien conduit.
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A tous les stades, le traitement de la syphilis repose sur la Pénicilline retard en injection intra-musculaire( benzathine-benzylpénicilline G -Extencilline*) et est d’une grande efficacité.
Au stade précoce : primaire, secondaire ou sérologique précoce de moins d’un an, une seule injec-tion de 2,4 Millions d’unités.
Au stade tardif : syphilis sérologique de plus d’un an, syphilis tertiaire non neurologique.
Une injection 2,4 Millions d’unités par semaine pendant 3 semaines.
En cas d’atteinte neurologique, c’est la Pénicilline G qui se donne en intra-veineux pendant 10 à 15 jours. Une hospitalisation est nécessaire.
En cas d’allergie à la Pénicilline, de la Doxycycline 200mg/J pendant 14 à 28 jours selon le stade est possible mais pas optimale. Quand c’est possible une désensibilisation à la Pénicilline est préfé-rable.
L’efficacité du traitement est suivie par des sérologie répétées (VDRL) après 15 jours, 6 mois, un an et deux ans. La sérologie VDRL diminue rapidement et se négative en un à deux ans en cas de syphilis primaire ou secondaire correctement traitée et garantit la guérison.
– Le préservatif est la meilleure protection contre la transmission de la maladie:
La période de plus grande contagiosité est la phase primaire et secondaire de la maladie, car les Tréponèmes sont présents à la surface du chancre et des lésions cutanées et muqueuses.
– Consulter sans tarder son médecin en cas d’apparition de lésion sur la région ano-génitale et/ou buccale, en cas d’éruption cutanée, quel que soit l’aspect et surtout s’il y a eu un rap-port sexuel à risque (non protégé).
– Faire systématiquement une sérologie de la syphilis, en cas de transmission d’une autre maladie sexuellement transmissible (herpès, verrues génitales, VIH, urétrites etc. ).
En effet « comme un train peut en cacher un autre », une MST peut aussi en cacher une autre !
– Rechercher d’autres MST en cas de découverte d’une syphilis : sérologie du VIH, des hépatites virales, des chlamydiae etc. par prélèvement sanguin et génital.
– Prévenir sa / son ou ses partenaires en cas de diagnostic de syphilis pour qu’ils puissent se faire dépister.
– Il faut savoir que l’injection intra-musculaire de Pénicilline retard est douloureuse, mais on ajoute généralement un anesthésique local dans la seringue.
– Une réaction paradoxale (réaction d’Herxheimer) est fréquente mais peu grave quelques heures après l’injection au stade de syphilis précoce : fièvre, malaise général, exacerbation des lésions cutanées et muqueuses pendant 12 à 24 H. Cette réaction peut être prévenue par la prise de paracétamol ou de cortisone (femme enceinte).
– Ne pas oublier de retourner voir son médecin pour la surveillance de la sérologie après le traitement : à J15, à J 30, 6 mois, un an et deux ans.
– Attention, la syphilis ne confère aucune immunité. Il est donc possible d’être contaminé une nouvelle fois après guérison d’une syphilis.
Dr. Elisabeth Berrissoul
Dermatologue