Acné : Boutons et autres symptômes

L’acné est certainement l’affection cutanée que tout le monde sait le mieux reconnaître. Très fréquente et bénigne le plus souvent, elle atteint plus de 80% des adolescents et 25% des adultes majoritairement des femmes jeunes. Bon nombre d’idées reçues continuent de se perpétuer dans les familles et les adolescents se sentent souvent coupables d’avoir des boutons et le vivent très mal. Les répercussions psychologiques sont très importantes et les relations avec les autres perturbées. C’est pourquoi les dermatologues passent généralement beaucoup de temps à expliquer ce que sont l’acné et les principes du traitement. En effet, une bonne compréhension de ces mécanismes est indispensable pour obtenir l’adhésion au traitement qui est long et parfois difficile à supporter : le découragement et l’abandon sont les ennemis de la réussite du traitement.
1. Qu’est-ce que l’acné ?
La cible de l’acné est le follicule pilo-sébacé , un ensemble constitué par le poil et sa glande sébacée. Trois acteurs sont à l’origine de cette affection cutanée : le sébum, les kératinocytes (cellules de la couche cornée de l’épiderme) et les bactéries saprophytes de la peau (Propionibacterium acnes).
Le sébum : quelques années avant la puberté, les glandes sébacées commencent à sécréter du sébum sous l’effet de l’action des hormones mâles (androgènes) sécrétées par les gonades (testicules chez les garçons et ovaires chez les filles) et un peu par les glandes surrénales. La peau sur la zone médiane du visage devient luisante et les pores se dilatent, les cheveux deviennent gras.
Les kératinocytes : au niveau de l’orifice des follicules pileux, les cellules de la couche cornée au lieu de s’éliminer normalement, s’agglutinent les unes aux autres et peu à peu constituent un bouchon corné. Le sébum sécrété en excès, ne peut plus s’évacuer et la glande sébacée grossit : c’est ainsi que se forment les comédons ouverts (points noirs) et fermés (microkystes ou points blancs incrustés dans la peau plus ou moins profondément). Ce sont les lésions rétentionnelles de l’acné.
Propionibacterium acnes : ces bactéries saprophytes de la peau, ne sont pas pathogènes mais en présence de grandes quantités de sébum dans l’épiderme, elles se multiplient dans ce milieu sans oxygène et sécrètent des acides gras libres irritants, responsables de la formation des boutons rouges de l’acné. Ces boutons peuvent être superficiels (papules et pustules) ou profonds (nodules douloureux). Ce sont les lésions inflammatoires de l’acné.
2. Localisations de l’acné
L’acné se situe sur les zones de la peau les plus riches en glandes sébacées :
- La zone médiane du visage (front, nez, menton à la puberté) mais plus tard les joues également et le cou
- Le haut du dos et les épaules, le décolleté.
Dans les formes plus sévères d’acné, non seulement le visage est atteint en entier mais aussi le dos, la poitrine et les bras.
3. Les différents aspects de l’acné
Au tout début, avant même la puberté, la peau sur le front, le nez et le menton devient grasse, et quelques points noirs commencent à apparaître.
Puis à l’adolescence, l’acné prend un aspect polymorphe, c’est à dire avec à la fois beaucoup de lésions rétentionnelles (comédons ouverts et microkystes) et des poussées inflammatoires avec papulo-pustules, au moins sur la zone médiane du visage mais parfois sur tout le visage. Le dos et les épaules peuvent aussi être atteints.
Les formes sévères d’acné (acné nodulaire, acné conglobata) sont rares mais plus fréquentes dans le sexe masculin, caractérisées par de nombreuses lésions inflammatoires, nodules profonds et douloureux, abcès et tunnels suppuratifs, qui laissent rapidement des cicatrices définitives très inesthétiques sur le visage et le dos, la poitrine, la racine des membres.
Exceptionnellement, l’acné fulminans, se traduit par des lésions très inflammatoires qui s’installent brutalement et s’accompagnent de fièvre, douleurs articulaires et musculaires et une fatigue intense.
L’acné de la jeune femme, souvent sous influence hormonale (règles, pilule, grossesse, mauvais fonctionnement des ovaires) se caractérise par une forme plutôt inflammatoire sur la partie inférieure du visage et le cou. Elle est parfois excoriée, suite à la manipulation des boutons.
L’acné de l’homme adulte, fait suite à l’acné de l’adolescence. La peau est particulièrement grasse, et les lésions inflammatoires papulo-nodulaires prédominent sur le dos et persistent au-delà de 25ans.
L’acné du nouveau-né atteint environ 20% des nouveau-nés surtout garçons. Elle est due à la poussée hormonale androgénique après la naissance. Souvent discrète, quelques comédons et rarement des papulo-pustules sur les joues, elle dure quelques semaines.
L’acné du nourrisson est beaucoup plus rare, plutôt chez les garçons, débute vers 6 mois et peut durer des mois voire des années et peut annoncer une acné sévère à l’adolescence.
Les cicatrices d’acné sont de trois types :
- Les taches rouges (sur peau claire) ou brunes (sur peau mate ou pigmentée) font suite aux lésions inflammatoires superficielles et disparaissent en quelques semaines sans trace.
- Les cicatrices atrophiques sont des cicatrices en creux, de différents types, elles ne régressent pas spontanément.
- Les cicatrices hypertrophiques simples régressent lentement en 12 à 18 mois. Les chéloïdes elles, ne régressent pas.
4. L’acné, dermatose sous influence
De nombreux facteurs influencent l’évolution de l’acné.
Influence génétique : Des antécédents familiaux d’acné sont souvent associés aux acnés les plus précoces, avec un grand nombre de lésions rétentionnelles et une moins bonne réponse aux traitements.
Influence hormonale: La production de sébum par les glandes sébacées est sous dépendance des androgènes. Elle est rarement due à des taux d’hormones trop élevés mais le plus souvent à l’ hypersensibilité des récepteurs hormonaux situés sur les glandes sébacées.Chez les jeunes femmes, l’acné peut être rarement associée à des signes d’hyperandrogénisme (pilosité en excès , perte de cheveux, prise de poids et troubles des règles ) qui vont faire rechercher par le médecin une pathologie des ovaires ( ovaires polykystiques ). Le plus souvent, il n’y a aucune anomalie hormonale, et on a du mal à expliquer cette acné de la femme jeune ( rôle du stress ? des cosmétiques ?). Les différentes périodes de la vie génitale des femmes peuvent être marquées par des épisodes d’acné ( poussées prémenstruelles, arrêt de pilule, grossesse, pré-ménopause). Certaines pilules contraceptives sont utilisées aussi comme traitement de l’acné mais d’autres peuvent aggraver l’acné.
Influence de l’alimentation : Jusqu’à présent aucune étude sérieuse n’avait démontré de lien entre l’alimentation et l’acné, bien que le chocolat et la charcuterie soient souvent incriminés par les patients. Des études récentes laissent supposer qu’une alimentation riche en sucres d’absorption rapide pourrait aggraver l’acné. D’autres études évoquent le rôle du lait surtout écrémé, et des produits laitiers, mais cela reste à confirmer. Il est recommandé quand on souffre d’acné, d’adopter une alimentation saine, riche en fruits et légumes et limitée en sucres d’absorption rapide et en produits laitiers.
L’influence du tabac : Le tabac aggrave l’acné en augmentant les cicatrices des acnés sévères et le nombre de lésions rétentionnelles mais aurait une action bénéfique sur les lésions inflammatoires.
Le soleil : est un faux-ami. Il semble améliorer l’acné surtout du dos par un effet anti- inflammatoire, mais il épaissit la couche cornée de l’épiderme et les lésions rétentionnelles ( microkystes et comédons) augmentent. Après deux ou trois semaines, au retour d’un séjour au soleil, les poussées inflammatoires se succèdent. De plus les cicatrices d’acné ont tendance à pigmenter au soleil.
Le stress : est souvent évoqué comme facteur d’aggravation de l’acné et en effet on observe souvent des poussées inflammatoires au moment des examens chez les étudiants par exemple.Cela peut s’expliquer par la sécrétion sous l’effet du stress d’une substance ( la substance P) par des cellules nerveuses proches des glandes sébacées qui stimule la sécrétion de sébum.
Les cosmétiques : Les crèmes et les fonds de teints trop gras aggravent l’acné. Les nettoyages au savon desséchant, les gommages, les masques à répétition ont un effet irritant et provoquent des poussées inflammatoires.Chez les adolescentes et les femmes jeunes qui essaient de cacher leur acné et de se traiter avec des produits achetés sans conseil, on observe souvent des acnés aggravées.
Docteur Elisabeth Berrissoul, Dermatologue.
Pour savoir comment réussir son traitement pour l’acné, cliquez ici.
Références : dermato-info.fr/article/Acné
Pingback:
Comment réussir son traitement pour l'acné
3 années agoPingback:
Pourquoi certains traitements de l'acné ne marchent pas?
2 années ago